“Photo de groupe au bord du fleuve” d’Emmanuel DONGALA
Mon résumé: Le combat d’une quinzaine de femmes, casseuses de cailloux, pour vendre leur marchandise au juste prix et avoir un salaire à la hauteur de leur travail se transforme en une affaire d’État qui nous montre les travers de l’Afrique d’aujourd’hui.
Mon avis: Ce roman se passe au Congo et nous montre une facette de l’Afrique qu’on a peu l’habitude de voir: celle des villes contemporaines. Nous découvrons alors la vie de femmes qui travaillent dur, dans des conditions indignes, pour s’acheter une carte téléphonique pour recharger leur portable! C’est d’abord cet aspect qui m’a surpris: le décalage entre des conditions de vie archaïques et des femmes bien modernes!
On côtoie également la misère et ce qu’elle a de pire en termes de non accès à l’éducation, aux soins, mais surtout en ce qu’elle a de discriminant: le pouvoir économique crée le pouvoir politique (et inversement). Ces femmes qui ne veulent que pouvoir vendre leur marchandise à un prix raisonnable se voient dénigrées car elles sont pauvres, analphabètes et n’ont donc aucun pouvoir.
En plus, ce sont des femmes! Et là nous entrons dans ce qui est pour moi au cœur de ce roman: la condition de la femme en Afrique de nos jours. Entre les restes de traditions archaïque (genre une femme veuve perd tout car sans son mari elle n’est rien), les tragédies liées aux guerres (viols, enfants et maris tués) et les idées machistes qui sont de mises quelques fois même en occident, le tableau dressé par l’auteur (qui est un homme à ma grande surprise) est affligeant. Des nouvelles écoutées à la radio par le personnage principal donnent un sentiment de malaise car son des faits-divers très violents, des exemples de brutalités faites à des femmes.
L’auteur décrit aussi très bien la corruption qui règne dans un pays où il parait tellement difficile de s’en sortir sans avoir des “amis” bien placés…
Et pourtant, ces femmes, analphabètes pour la plupart, pauvres toutes, obligées de casser des cailloux pour survivre, vont s’unir et mener un combat digne jusqu’au bout pour montrer qu’on leur doit le respect. Ce combat ne sera pas simple, ni sans victime, mais il aura le mérite de montrer que la lutte est possible, qu’il ne faut pas baisser les bras et être fataliste.
La fin du roman n’est peut-être pas très réaliste mais elle redonne un peu espoir…
En bref: Un roman magnifique et émouvant sur les femmes dans l’Afrique d’aujourd’hui. Un combat pour l’honneur qui nous tient en haleine du début à la fin. Vite, vite, procurez-vous cette merveille!